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La vie agricole
Les vignes
Les vendanges

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Les vendanges

Récit de Suzanne Laubin

Dans les années 50 le coteau de CESSIEU était encore tapissé de vignes.

Toutes les fermes en cultivaient une qui fournissait la consommation annuelle de la famille. Les bonnes années il y avait du surplus qui trouvait preneur auprès des cafés du village ou des particuliers qui ne possédaient pas de vigne.

Certaines fermes avaient un vignoble plus étendu qui produisait du vin destiné à être vendu dans les villes et villages voisins, car le vin des Balmes de CESSIEU, avait sa petite renommé, et était apprécié des consommateurs de l’époque.

 

La vigne recevait des soins tout au long de l’année.

A la fin de l’hiver on taillait la vigne. C'est-à-dire, on coupait les sarments, c’est ainsi qu’on appelle les branches de vigne qui portent les feuilles et les fruits de l’année précédente. Raccourcir ces branches devenues inutiles, permet aux nouvelles pousses d’être mieux nourries. Au printemps on piochait au pied des ceps pour ameublir et aérer  la terre et permettre à l’eau de pluie de pénétrer.

Il fallait aussi traiter la vigne car elle craint la maladie, et plus particulièrement le mildiou. Cette maladie est apparue en France au cours des années 1880. Le mildiou et un pseudo-champignon qui provoque des tâches jaunes sur les feuilles et entraine leur dessèchement. Les grains de raisins, eux, prennent une teinte violacée, se racornissent et tombent. Le principal traitement consiste à pulvériser de la bouillie bordelaise, un mélange de chaux et de sulfate de cuivre qui lui donne cette couleur bleue. Cette pulvérisation était réalisée  avec une sulfateuse, portée à dos d’homme et actionnée par un mouvement de pompe effectué à la main. Cette opération devait être renouvelée plusieurs fois, dès le printemps et surtout lors de fortes pluies ou averses de grêle qui blessaient les feuilles et les grappes de raisins et les rendaient vulnérables. A cette période le coteau de CESSIEU prenait une teinte bleutée.

 

Puis, arrivait le temps des vendanges.

Un moment très attendu, en particulier par les enfants, car synonyme de rencontres chaleureuses et de réjouissances.  

En septembre, entre la première et la deuxième quinzaine, selon si l’été plus chaud avait amené un murissement plus précoce des raisins, le coteau de CESSIEU grouillait de vendangeurs.

Au cours des semaines précédentes le matériel nécessaire à cet évènement avait été préparé. Récurer et remonter le pressoir. Vérifier les tonneaux, les laver, les soufrer. Faire « combuer », un mot du patois Dauphinois qui signifiait faire tremper, imbiber d’eau les récipients en bois (cuve, gerle, benne). N’ayant pas servi depuis les dernières vendanges ils s’étaient un peu desséchés, d’où, risques de fuites.

 

 Le jour prévu pour la cueillette du raisin, dès 7 h du matin, tout le monde est dans les préparatifs. Les paniers, les sécateurs ont été sortis la veille. Les voisins, famille et amis qui viennent aider à vendanger arrivent avec leurs outils. Nous les enfants, notre panier était plus petit et on nous munissait de « vendangeur », outil destiné à couper le raisin, moins dangereux pour nos petites mains que le sécateur.

La veille, la « gerle », une grande cuve, de forme ovale afin de pouvoir être transportée sur un char, avait été amarrée sur celui-ci. Il ne restait plus qu’à atteler le fier « Pompon », un cheval de trait d’une belle corpulence.

 

A l’arrivée les vendangeurs se répartissent sur le vignoble, une personne de chaque coté de la barrière de ceps. Très vite les paniers se remplissent de belles grappes de raisins, et il faut appeler la benne, portée par 2 hommes, dans laquelle chacun vide son panier. Le contenu de cette benne, très vite remplie elle aussi, sera déversé dans la « gerle ».

Vers 10 h, le soleil est déjà haut dans le ciel et commence à bien chauffer. Ce sera bon pour la vendange qui mettra moins de temps pour fermenter (bouillir).

Une petite pause s’impose, bienvenue pour les vendangeurs. La soif se fait sentir et le café

du petit déjeuner est bien loin pour tous ces gens dont la plupart sont levés depuis

5 h du matin. Car avant de partir vendanger il a fallu traire et nourrir les vaches ainsi

que les autres animaux de la ferme.

La maitresse de maison arrive  avec un panier de victuailles, pain, saucisson,  

fromage et de boissons, eau fraîche, café et bien sur, vin blanc ou rouge

de la récolte précédente, que chacun déguste en souhaitant que celle d’aujourd’hui

donne une cuvée de bonne qualité.

Vers 12 h 30, nouvelle pause. La « gerle » est bien pleine, elle sera descendue à la ferme,

où on récupérera une deuxième cuve. Pendant ce temps les vendangeurs reprendront

des forces autour d’un pique nique bien mérité.

Tout au long de cette journée, en coupant les raisins ou pendant les pauses  on échange les nouvelles et les potins du village. Les plaisanteries fusent, mettent de la bonne humeur et font oublier la pénibilité du travail.

En fin d’après midi, vers 16 ou 17 h les derniers raisins tombent dans les paniers et rejoignent la « gerle ».

La vigne allégée de ses raisins va pouvoir plonger, peu à peu, dans la torpeur du repos hivernal des végétaux.

La plupart des vendangeurs vont rentrer chez eux ou les attendent leurs propres occupations. La journée n’est pas terminée pour autant, le repas du soir, regroupera tous les travailleurs du jour.

 

Mais avant cela il faut transvaser, avec de larges fourches spéciales, la vendange dans une immense cuve entreposée à la cave ou le raisin va séjourner et fermenter pendant plusieurs jours. A l’intérieur de cette cuve une  personne va piétiner le raisin pour bien éclater les grains. Cette fermentation produit un gaz qu’il faut éviter de respirer car il peut étourdir et provoquer des évanouissements.

Au bout d’environ une semaine le vin sera tiré et mis en tonneau ou il continuera son évolution. Le résidu des grappes sera ensuite serré sur le pressoir pour tirer le restant du jus.

Ce qu’il reste de pulpe sera conservé précieusement, et à l’automne  sera distillé dans l’alambic qui séjournera une semaine sur le champ de Mars de CESSIEU. Elle produira quelques litres d’eau de vie, ou gnole, un alcool titrée aux environs de 40 à 50 degrés qui pourra se conserver de nombreux mois dans une bonbonne en verre protégée par de fins brins d’osier savamment tressés.

Pour le vin blanc, la méthode est différente, les raisins sont pressés le jour même et la maturation se fera directement dans les tonneaux. Une petite partie du jus des raisins blancs, sera mise en bouteille à la sortie du pressoir. Il sera dégusté, soit immédiatement en jus de fruit, soit au bout de quelques jours, alors qu’il commence à pétiller, c’est ce qu’on appelle le « vin bourru » qui ne se conserve que quelques jours.

 

Le repas des vendanges avait des allures de banquet et contribuait à donner à cet évènement un air de fête

Le soleil baisse à l’horizon et voici qu’arrive le meilleur moment de la journée, le repas du soir. Les travaux du quotidien achevés, chacun va pouvoir profiter de la veillée.

Depuis quelques jours la maitresse de maison est dans les préparatifs de ce repas. Des tables et des chaises en nombre suffisant pour installer les vendangeurs. La veille le plus beau poulet de la basse-cour a été sacrifié afin d’être la vedette du menu de cette soirée. Les agapes commencent par le traditionnel pot au feu ou « bouilli » dont le bouillon sera servi chaud, en entrée avec des croûtons et du fromage râpé. Après le poulet rôti et le fromage, de vache ou de chèvre produit à la ferme, suivra le dessert, un gâteau de Savoie maison pour accompagner la mousse au chocolat, maison elle aussi, et la compote faite avec les pommes du verger.

La bonne humeur continuera tout au long du repas et de la soirée ou se mêleront chansons et légendes. Les plus hardis, bien émoustillés, grisés, par le vin et les rasades de « gnole » oseront aussi de petites histoires grivoises que les enfants, très occupés à manger leur mousse au chocolat, feront semblant de ne pas entendre.  

 

La récolte du raisin nécessitait l’entraide entre les exploitations pour le matériel et la main d’œuvre. Alors, dès le lendemain ou dans les jours suivants, la plupart des vendangeurs de cette journée, seront de nouveau à la tâche dans d’autres vignobles du village.

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Mr DREVET.jpg

25/09/1990

Mr Drevet utilisant une benne et un coussin de crin

pour le transport du raisin

Distillation des marcs.jpg

Distillation du marcs au champ de Mars

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